Caractère & Physique Mery aime la vie, sous tous ses angles mystérieux, douloureux, imprévisibles et magnifiques. Ce qu’elle a à offrir ne passe pas inaperçu à ses grands yeux verts, et si cela inclus principalement la terre généreuse sous ses pieds nus, il aime d’une passion folle les êtres vivants, quoi qu’ils soient. C’est un amour inconditionnel qui étreint son cœur - pourtant meurtri, pourtant en miette, pourtant toujours battant d’espoir d’espérer. Il ne juge pas ce qu’on ne choisit pas ; et il aimera la cicatrice qui défigure votre visage à votre place, détestera le chapeau à plumes multicolores qui habille votre tête. Il se moquera bien d’apprendre que votre père est à la tête d’une organisation criminelle, que vous ayez plus de victimes à votre compte que d’années vécues.

Malgré un cœur doré tendu à deux mains, Mery est loin d’être un saint à qui la vie sourit tant qu’il lui sourit. Non, chute après chute, le message s’est bien gravé au fil des années en lui. S’il donne sans récompense attendue, c’est avec finesse qu’il procède, avec discrétion si la situation l’exige - et c’est si comique venant de lui, n’est-il pas ? Mery est un électron libre, une petite tempête qui ne cesse de se déplacer, de danser à s’en blesser les pieds. Il apparait avec ce sourire mutin aux lèvres, d’une espièglerie sans fin, dévoilant une personnalité malicieuse sur laquelle on se méprend à de multiples occasions. Quelle est l’importance ? Mery sait ce qu’il fait et c’est tout ce qui lui importe. Vous ne parvenez pas à saisir quelle étrange pensée lui est passée par la tête pour vous offrir une couronne de fleur, fait de ses propres doigts maladroits ? Il n’offrira qu’un rire cristallin en réponse avant de détaler en sautillant joyeusement.

Au fond, n’est-il pas un mystère fabriqué d’une joie intense, de morceaux de cœurs brisés, des plumes qu’il a perdu à force de s’échouer, d’éclats d’espoir en la vie qu’il s’évertue à faire naître et cultiver dans les cœurs d’autrui ?

Once Upon A Time, There Was You And Me ...
À travers la fenêtre de sa petite chambre, Mery observa les gouttes d’eau s’abattre avec acharnement sur sa vitre et rendre le paysage flou. Une grimace tordit légèrement les traits fins de son visage, et il souffla son mécontentement face à ce temps misérable. Ce n’était pas tant qu’il n’appréciait pas la pluie – plutôt l’inverse, puisqu’il n’était pas rare de le voir s’amuser à danser sous celle-ci et finir malade le jour suivant sans le moindre regret de sa part – mais elle ruinait actuellement ses plans pour la journée.
Loin de donner l’impression de se calmer, les nuages ne paraissaient que plus menaçants au fil des minutes, alors Mery prit la décision de braver le temps et poursuivre avec son plan initial.
Brandissant fièrement son parapluie au-dessus de sa tête, sa longue tignasse verdâtre coiffée dans une haute queue-de-cheval pour lui éviter un désagrément (comme finir les mèches mouillées collées à la face et ressembler à un monstre), Mery attrapa son panier fermé et s’engagea dans les rues d’Elengil.

Le fait qu’il pleuve des cordes ne sembla nullement le déranger, prenant tranquillement son temps pour atteindre sa destination, sautant dans les flaques se trouvant sur son chemin. Il chantonnait joyeusement, en parfaite contradiction avec ce que ce jour précis représentait pour lui. Personne n’avait besoin de le savoir, pensait-il. Seulement, il n’y avait pas âme qui vive dans le coin de forêt dans lequel il s’enfonçait.

Après de longues minutes de marche, à moitié abrité de la pluie par le feuillage au-dessus de lui, il posa son parapluie et son panier au sol, puis s’agenouilla face à un grand arbre dont les racines sortaient de la terre, dessinant des spirales qui amusaient Mery plus que ça ne le devrait.
C’était toutefois ainsi qu’il reconnaissait l’endroit où il avait enterré quelques petits totems, ceux lui rappelant les personnes qu’il avait perdu au fil des ans.
Il ouvrit son panier et en sortit, chacune à leur tour, des petites fleurs. Toutes de couleurs différentes, de formes différentes, pour chaque personne à qui il les adressait. Mery en posa une première au sol, caressant du bout des doigts les pétales bleus.

« Pour toi, Norrora, qui a su me supporter durant les premières années de ma vie, » souffla Mery avec un léger sourire aux lèvres, nostalgique à ces lointaines années. Elle n’était pas décédée, mais il doutait fortement la possibilité de la revoir un jour, à moins qu’elle ne décide enfin à revenir près des villes, ou qu’il ne choisisse un jour de s’aventurer à nouveau dans les plus profondes forêts de Symmachia.
Remplaçant sa mère, qu’il suspectait être morte à la naissance à moins d’avoir choisi de l’abandonner pour une raison ou une autre, Norrora avait été pour lui une véritable source d’inspiration. Il n’avait connu qu’elle pendant longtemps mais ne regrettait pas le moindre instant passé en sa compagnie, ni toutes les leçons qu’elle lui avait enseignées. C’était en majeure partie à elle que Mery devait son savoir sur la flore, la concoction de différentes potions, le développement de sa magie... Il lui devait tout, pour faire simple, et il lui semblait qu’il ne serait jamais capable de payer sa dette.
Mery éprouvait une profonde affection pour cette elfe et lui serait éternellement reconnaissant.

Du panier, il sortit une seconde fleur aux pétales orangés et eut un sourire plus amer alors qu’il la posa par-dessus la bleue.

« Pour toi, Leoxian, mon plus fidèle et regretté ami, » murmura-t-il en abaissant ses paupières, le souvenir frais dans sa mémoire, tant celui de leur rencontre fortuite que la mort malheureuse de l’alf. Plaçant ses mains contre son cœur battant de chagrin, il s’autorisa un instant de silence pour lui.
Cet alf, d’une trentaine d’années son aîné, leur était tombé dessus sans crier gare, les vêtements déchirés et des entailles récentes sur tout le corps. Une première mauvaise impression qui s’était rapidement évanoui pour faire débuter leur amitié lorsque Leoxian l’avait protégé d’une bande de brigands (ceux qui étaient à sa trousse, cela dit). Il s’était autoproclamé héros, sauveur des demoiselles en détresse, avant de réaliser que Mery n’en était pas une. C’était une histoire qui ne manquait pas de le faire rire.
Leoxian était un idiot avec le cœur sur la main, c’était exactement ce qui l’avait tué.
Meridianilis soupira de frustration à ce souvenir, lorsqu’il avait appris la mort de l’alf à la guerre – celle-ci même qu’il avait refusé de prendre part, trouvant difficile de se mêler des affaires des autres êtres vivants peuplant la planète. Ce n’était qu’à partir de cet incident (si l’on pouvait le nommer ainsi) qu’il s’était ouvert à l’idée que ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose de vivre pour ses convictions, de mourir pour elles. De vivre sans regret.
Il s’était alors séparé de Norrora et s’était aventuré dans plusieurs villes de Symmachia.

Du bout des doigts, il s’empara d’une troisième fleur, blanche aux bords rosés.

« Pour toi, mon tendre Luris, » sourit-il, amusé par cette appellation qui ne lui allait absolument pas. Il effleura les pétales, pensif, se remémorant avec tendresse les moments passés en sa compagnie.
Leur début avait été terrible. Ils s’étaient croisés à un bar et, bien qu’il eût réalisé que Luris souhaitait passer sa soirée seul, Mery n’avait pu s’empêcher de s’asseoir à ses côtés et le questionner sur les différentes cicatrices qui marquaient ses bras. Aucune malice n’étreignait son cœur à cet instant, mais ce n’était pas ainsi qu’il fût perçu par l’humain. Sans nul doute avait-il été habitué à la curiosité d’autrui, à leur jugement et leur dépréciation. Il fallut à Meridianilis de nombreuses tentatives pour lui faire comprendre qu’il n’avait réellement qu’une curiosité enfantine à son sujet ainsi qu’une certaine appréciation pour ses exploits. N’était-ce pas là ce que ses marques représentaient, après tout ? Son histoire ? Et cela l’intéressait terriblement.
Hélas, l’humain succomba à un empoisonnement durant une mission.
C’était une histoire qui ne remontait pas à tant de temps que cela et Mery n’avait pas encore réussit à faire entièrement son deuil, à tourner la page. Luris lui manquait, chaque jour durant, et plus encore durant les jours orageux.

Même s’il s’agissait de la profession qui avait coûté la vie à l’humain, Mery souhaitait se sentir proche de lui, d’une façon ou une autre, ainsi que se rendre utile, découvrir davantage de la vie, se mêler aux aventures des autres, répandre son amour trop grand pour le garder pour soi... Alors Mery choisit de devenir à son tour aventurier, en utilisant les compétences qu’il avait appris auprès de Norrora. C’était une décision plutôt récente - selon lui, puisqu’une vingtaine d’année n’est pas vu de tous par une courte période.

Lentement, il déposa la fleur blanche sur la tombe de ses souvenirs.

Il ne s’autorisait qu’une fois dans l’année à pleurer leur perte – le jour de son anniversaire, qu’il gardait méconnu de ses connaissances et amis pour cette raison particulière. Il leur devait tant, à ces personnes disparues de sa vie, qu’il ne pouvait passer ce jour spécial sans penser à eux, à ce qu’ils avaient fait pour lui et qui l’avait fait devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Satisfait, Meridianilis se releva, épousseta sa tunique et son pantalon de toile avant de récupérer son panier et son parapluie. En quittant la forêt, il réalisa que ce dernier n’était plus nécessaire, les rayons du soleil perçant à travers les nuages sombres et les chassant pour n’en faire plus qu’un mauvais souvenir.
Un sourire émergea sur ses lèvres, continuant sa route en sautillant sans un regard en arrière, en se demandant pour qui sa prochaine couronne de fleur serait...